vendredi 2 novembre 2012

Hopper dans toute sa splendeur (RFI)

C’est la première grande rétrospective française consacrée à Edward Hopper. L'un des plus grands peintres américains du 20ème siècle est honoré jusqu’au 28 janvier au musée du Grand Palais, avec l'exposition de 164 de ses œuvres.


Par Catherine Fruchon-Toussaint, RFI, 30 octobre 2012

Les Couleurs chez Hopper

Alain Cueff, historien d'art, auteur d’un essai sur Hopper, Entractes (Flammarion).
(01:17)

Pourquoi aujourd’hui cette exposition Hopper ?

Didier Ottinger, commissaire de l’exposition « Hopper » au Grand Palais
(05:06)

Hopper dans toute sa splendeur ! De ses années de formation à New York, en passant par ses débuts impressionnistes à Paris et sans oublier ses paysages de mer et de campagne, Edward Hopper est présenté dans cette exposition comme un artiste aux multiples palettes. Souvent associé à des scènes urbaines, sombres, inquiétantes où les personnages semblent écrasés par la solitude, le bruit ou encore des bâtiments imposants, Hopper est aussi le peintre de la lumière qu'il restitue avec son pinceau dans des toiles baignée de soleil avec des corps parfois dénudés et des couleurs vives. Pourtant, une mélancolie semble toujours traverser ses toiles. Est-ce que l'homme ressemblait à son travail ?

« Il y a évidemment une parenté entre le caractère de cet homme de peu de mots, très réservé, toujours sur son quant-à-soi, qui, selon des témoignages, a peu de goût pour les foules, et qui reste volontiers à l’écart, sans pour autant qu’on puisse dire que ce soit un solitaire volontaire, répond Alain Cueff, auteur d'un livre intitulé Hopper. Mais quand on voit son visage, et en particulier dans l’autoportrait qui est présenté ici, on reconnait bien ce calme, cette distance. Ce n’est pas de la froideur, c’est vraiment une distance marquée par rapport à la vision qu’il peut avoir des choses et de lui-même. Il me semble que, même physiquement, c’était un homme très grand, plus d’un mètre quatre-vingt dix, on peut retrouver des parentés, parfois dans une forme de longueur de sa peinture, parfois il semble d’avoir été affecté lui-même, et sa façon de donner une sorte de vie très tenue, même à des objets, à des architectures, me semble aussi très en phase avec sa personnalité. »

L'image d'une Amérique en pleine mutation

Hopper qui disait que toutes ses peintures parlaient de lui, projetait aussi sur ses toiles blanches l'image d'une Amérique en pleine mutation au milieu du 20ème siècle. Une Amérique à la fois ordinaire, mais avec une touche de fantastique, de mystère qui allait aussi inspirer les cinéastes de Hitchcock a Jim Jarmusch en passant par Wim Wenders lequel, d'ailleurs, a reproduit dans un film le fameux tableau de Hopper Nighthawks, qu'on peut voir au Grand Palais. Pourquoi cette peinture en particulier fascine-t-elle autant le monde entier ?

« Parce que c’est le tableau qui résume à peu près universellement la mythologie américaine, explique le commissaire de l'exposition Didier Ottinger. On pense à l’Amérique, on pense à ses bars marqués par le design très caractéristique des années 1950, cette espèce d’aérodynamisme qui caractérise le bar. On pense également à ces personnages qui sont les héros des films noirs américains, les bad boys, les bandits, les gangsters, les mafieux. C’est toute cette condensation d’imaginaire et cette stylisation extraordinaire qui donnent à ce tableau un statut vraiment d’archétype de ce que sont toutes nos fantasmatiques et toute notre imaginaire américain. »

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